Biographie

 

"Il suffit d'écouter ceux que nous rencontrons sur notre route, en les regardant dans les yeux. Ils aident à éclairer l'essentiel des destinées humaines à partir de leur propre expérience."

Marcel Rudloff, Souvenirs pour Demain - Entretiens avec Alain Howiller

 

Maire de Strasbourg et Président de sa Communauté Urbaine, Sénateur, Président du Conseil Régional et finalement membre du Conseil Constitutionnel, Marcel Rudloff marqua profondément l'Alsace. Ceux qui le cotoyèrent saluent encore aujourd'hui son ouverture d'esprit et son optimisme. Profondément tolérant, il plaçait l'homme au coeur des préoccupations et oeuvrait toujours dans le sens de l'intérêt général.

 

Homme politique, né à Strasbourg le 15.3.1923, mort à Strasbourg le 23.3.1996.
Fils de Camille Rudloff, architecte, et de Mathilde Roth. Petit-fils de Florent Rudloff.
Marié le 23.8.1947 à Moulins, Allier, à Marguerite Parquet, fille de Baptiste Parquet, professeur, et d’Albertine Sidonie Pascanet; 3 filles.

 
Marcel Rudloff, février 1984

Vie étudiante

Avec l’évacuation de Strasbourg en septembre 1939, les études au lycée Fustel de Coulanges furent interrompues et Marcel Rudloff prépara son baccalauréat de philosophie au collège d’Obernai, où la famille s’était établie.
Après le retour à Strasbourg, il refusa de poursuivre ses études sous l’annexion de fait et assista son père, architecte, pour les travaux administratifs.
Déclaré apte, début janvier 1942 au RAD (Reichsarbeitsdienst - Service de travail obligatoire) Marcel Rudloff s’évada à la fin du mois par la filière vosgienne des scouts et guides de France, relayée par celle des cheminots.
Avant de s’inscrire à la Faculté de Droit de l’Université de Strasbourg repliée et maintenue à Clermont-Ferrand, il dut se soumettre au rattrapage du bac de philosophie, l’examen fixé au 16.6.1940 en Alsace ayant été annulé, après le franchissement du Rhin, la veille, par les troupes allemandes.


A droite, Marcel Rudloff jeune

Vie professionnelle

Titulaire de la licence en droit en juin 1944, Marcel Rudloff passa le CAPA (Certificat d’aptitude à la profession d’avocat) à Riom en novembre, avant d’être incorporé début mars 1945 au 92e RI à Clermont-Ferrand et affecté, après ses classes, au service central des interprètes de l’armée à Paris, qui le chargea de missions dans des camps de prisonniers de guerre allemands.

Libéré en janvier 1946, il s’inscrivit la même année au barreau et, après deux années de stage, avec la dispense d’une année correspondant à celle du service militaire, s’installa en août 1948, comme avocat, à Strasbourg.
En 1950, il fut appelé à la présidence des jeunes avocats du barreau de la ville, après avoir participé, trois ans plus tôt à la fondation de l’Union nationale, dont il fut vice-président en 1952 avant d’être élu à la présidence.
Membre du conseil de l’Ordre, il devint en 1971 le plus jeune bâtonnier du barreau de Strasbourg, présida l’association régionale des avocats d’Alsace et de Moselle et la commission d’harmonisation du droit privé alsacien-mosellan depuis sa fondation en 1985.

A Clermont-Ferrand Rudloff s’engagea dans la vie associative avec la présidence de l’Amicale des étudiants de droit, des étudiants du Cercle St-Louis, foyer des étudiants catholiques, la vice-présidence de l’AFGES (Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg), engagement qu’il développera largement en Alsace.

En 1954, à la demande du chanoine L.A. Elchinger, directeur diocésain de l’enseignement catholique, il entreprit une réflexion sur la création d’une association de parents d’élèves, destinée, entre autres, à la sauvegarde du statut local, notamment de son caractère confessionnel; il présida l’APEPA (Association des parents d’élèves de l’enseignement public en Alsace) créée en 1956, jusqu’en 1988.
De 1968 à 1980, il fut également président de l’AGR (Avant garde du Rhin), président de 1979 à 1988, du Conseil de fabrique de la paroisse St Maurice de Strasbourg, président de l’association du FEC (Foyer de l’étudiant catholique), etc.Marcel Rudloff adhéra au MRP ( Mouvement républicain populaire) à la fin de 1955 et figura aux élections municipales de 1959 sur la liste de ce parti, conduite par Pierre Pflimlin .

Maire et Conseiller Municipal

Il entra au conseil municipal de Strasbourg en 1965 et, après sa réélection en 1971, il devint adjoint chargé des affaires sociales, de la jeunesse et des cultes et initia l’installation d’éducateurs de rue, d’équipes de prévention et d’associations de quartier. En mars 1983, après le retrait de Pierre Pflimlin, il conduisit la liste UDF-RPR et, après la victoire au premier tour, il fut élu maire.

Parmi ses réalisations figurent l’extension du Palais de la musique et des congrès, des installations européennes, la rénovation du stade de la Meinau, les centres sociaux culturels, la maison de l’enfance et celle des associations, la station d’épuration biologique, le centre de secours-ouest et il prit une part active à la fondation du Pôle universitaire européen.


Petite France, octobre 1986

Le gouvernement ayant décidé de transférer à Grenoble l’installation du Synchroton que la Fondation européenne des sciences avait proposé de construire à Strasbourg, projet confirmé par les contrats de plan signés en 1983 et en 1984 par l’Etat avec la Ville et la Région, la "majorité alsacienne", décida de boycotter la visite du président de la République, François Mitterrand, et le maire refusa de recevoir ce dernier à l’Hôtel de Ville le 22.11.1984. Lire aussi : un article sur Marcel Rudloff et le Racing Club de Strasbourg dans la tourmente (cliquez ici).

En mars 1989, la liste conduite par Rudloff fut battue, dans une quadrangulaire au 2e tour, par celle de Catherine Trautmann, socialiste, "ma seule défaite peut-être, mais quelle défaite, lourde et douloureuse, ô combien" selon ses propres termes.

"Tout m’étant tombé sur la tête pendant les mois qui ont précédé l’élection" : l’annulation du POS (Plan d’occupation des sols), les expropriations de la "ceinture verte" selon une loi de 1922, l’affaire du Bon Pasteur, les tribulations du Racing Club, l’affaire d’un tableau du peintre Simon Vouet, l’échec populaire de la visite du pape Jean-Paul II aux institutions européennes en octobre 1988, à cause de mesures de sécurité excessives, sans oublier la controverse Val-Tramway.
Il siégea "pour une alternance sereine et une opposition constructive" au conseil municipal jusqu’aux élections de 1995.


Avec Catherine Trautmann

"Ce dont j'ai rapidement pris la mesure, c'est qu'il importait que l'alternance devrait se passer dans le calme, la sérénité, avec le moins de réglements de compte possibles"

Marcel Rudloff, Souvenirs pour Demain - Entretiens avec Alain Howiller

 

Autres mandats

Marcel Rudloff entra au Conseil général du Bas-Rhin, après une candidature en 1964 contre le député René Radius à la Robertsau et en 1970 dans le canton 4, où il fut élu en 1976 et réélu en 1982, canton qu’il abandonna en 1988 par application de la loi sur le cumul des mandats.


Discussion avec des jeunes strasbourgeois (oct. 1985)

"Je voudrais communiquer aux jeunes mon optimisme fondamental, ma foi en la capacité des hommes et des femmes à rebondir, malgré les difficultés"

Marcel Rudloff, Souvenirs pour Demain - Entretiens avec Alain Howiller

Après avoir été le suppléant de Michel Kauffmann sur la liste centriste aux élections sénatoriales de 1968, Rudloff fut élu sénateur en 1977 sur la liste Centriste-RPR et réélu en 1986.
Avec ses qualités de juriste et son esprit de conciliation, il déploya une intense activité à la Commission des lois, dont il fut un rapporteur aussi régulier que respecté ; le premier ministre Raymond Barre le nomma parlementaire en mission sur la vie associative.
En novembre 1962, aux élections législatives, il fut le suppléant de Théo Braun dans la 1ère circonscription de Strasbourg où il se présenta en juin 1968 contre le député sortant René Radius, sous l’étiquette CDP (Centre démocratie et progrès).

Président du Conseil Régional

Il quitta le Sénat en 1992, après sa nomination au Conseil constitutionnel. En 1977, après son élection au Sénat, Rudloff entra au conseil régional, alors établissement public composé des parlementaires et des représentants des deux conseils généraux et des grandes villes et fut élu président, le 1.2.1980, à l’issue du mandat du sénateur haut-rhinois Pierre Schielé.


Avec le Dalai Lama, le 15 juin 1988

"L'identité régionale n'a de valeur que si elle s'ouvre aux autres"

Marcel Rudloff, Souvenirs pour Demain - Entretiens avec Alain Howiller

Réélu en 1983, il prépara, après les lois de décentralisation, le passage de la Région en collectivité locale élue : après les élections de mars 1986, la "majorité alsacienne" UDF-RPR le reconduisit à la présidence. Le renouvellement de l’Assemblée régionale en mars 1992 ne dégagea aucune majorité, mais Rudloff, "ayant toujours cru dans les vertus du dialogue et de l’ouverture", se vit confirmer la confiance du conseil. Sous sa présidence, le schéma régional des transports fut mis en place, les contrats de plan furent négociés avec l’Etat et les réflexions "Alsace 2005" tracèrent des axes pour les actions et pour la coopération transfrontalière.

Membre du Conseil Constitutionnel

En février 1992, le président du Sénat nomma Marcel Rudloff au Conseil constitutionnel, couronnement de toute une carrière pour ce juriste et législateur. Son esprit de tolérance dans ses multiples engagements, sa simplicité et son humour à travers succès et déboires, sa culture "d’honnête homme", enfin le courage avec lequel Marcel Rudloff affronta l’épreuve de la maladie qui devait l’emporter, lui valurent des hommages unanimes.


Avec Jean-Paul II, oct. 1988

"Vous les Alsaciens avez la chance d'être un "pont". Restez fidèles à cette vocation."

Jean-Paul II à Marcel Rudloff, lors de sa visite en octobre 1988.

Mémoire et distinctions

L’association, "Les amis de Marcel Rudloff", se propose d’entretenir sa mémoire et de décerner le prix de la tolérance. Le premier récipiendaire en fut, le 27.3.1998, le juriste danois Carle Aage Norgaard, membre de la Commission européenne des Droits de l’Homme depuis 1973 et président de 1981 à 1995.

Chevalier de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre du Mérite civil espagnol, commandeur de l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne, officier de l’ordre du Mérite de la République italienne, chevalier de l’ordre de St-Grégoire le Grand.

Alphonse Irjud, ancien directeur du CUEJ Strasbourg

 


Marcel Rudloff plante un Cèdre devant le Palais des Droits de l'Homme de Strasbourg, pour le Liban, le 22/02/86

avec le soutien de :

Région Grand Est Ville de Strasbourg
Communauté Européenne D'Alsace Académie de Strasbourg